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Interview Mamezell' en Finistère

“La main bleue” de Virginie Herrault, musicothérapeute à Brest !

 

Il est des rencontres qui font “Tilt”. C’est le moins que j’ai pu dire lorsque j’ai rencontré à Brest Virginie Herrault, musicothérapeute dont la profession m’a beaucoup intriguée. Parce que la musique fait encore bien plus qu’adoucir les moeurs, ce métier de la thérapie par l’art musical mériterait d’être plus connu… Interview, en musique, s’il-vous -plaît !! :)

 

M’ : Virginie, si tu devais te présenter en quelques mots ?

V.H : Je suis Virginie Herrault, J’ai 37 ans, je suis maman de 2 enfants. Je suis art-thérapeute depuis 2009, J’ai créé mon atelier d’art-thérapie « L’atelier La main Bleue » en 2010. J’interviens dans divers établissements de la région, ainsi qu’auprès des particuliers.

En ce moment, je travaille en tant qu’art-thérapeute et musicothérapeute auprès de jeunes enfants en Centre de soins de suite et de réadaptation, ainsi qu’en EPADH auprès de personnes touchées par la maladie Alzheimer. 

J’interviens également dans plusieurs résidences pour personnes souffrants de handicaps psychique et/ou moteur. Ponctuellement, j’organise des ateliers d’art-thérapie et de musicothérapie, au centre Tsurugi de Brest. J’ai également mis en place des cours de musique pour enfants.

En 2014, j’ai créé l’association des Art-thérapeutes de Penn ar Bed, avec Nathalie Beylot Layens et Claire Oulhen, je suis actuellement vice-présidente de cette association, et responsable des projets de recherche. Cette année, nous travaillons sur l’étude ARTONCO en lien avec Paul Brown, art-thérapeute sur Poitiers, visant à l’évaluation des apports de l'art-thérapie auprès des patients atteints d'un cancer ORL.

 

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M’ : Qu'est-ce qui t'a menée vers l'art-thérapie ?

V.H : Depuis toujours je dessine, je peins, j‘écris, je fais de la musique, je bricole avec différentes matières. Tout ce qui permet de créer m’intéresse et m’interroge.J’ai toujours été persuadée que l’art était un formidable outil d’expression. Dire les choses par un autre moyen que la parole permet de pouvoir tout dire, car la parole et les mots sont souvent soumis à une certaine censure qui peut être liée à soi, aux autres, à notre éducation, notre culture. L’art dépasse tout cela, l’art permet de tout dire.

J’ai d’abord été intéressée par le métier de musicothérapeute. Soigner avec la musique, cette idée m’a tout de suite parue réjouissante. J’avais 15 ans. Toute ma formation s’est basée sur cette envie de devenir musicothérapeute. J’ai suivi le cursus de psychologie clinique et pathologique à l’université, en parallèle d’une pratique artistique soutenue, surtout dans le domaine musical où je me suis particulièrement investie : Concerts avec des groupes aux styles variés, enregistrement studios, création d’associations de musiciens (les « Musiciens d’oz » et « Complètement à l’ouest »), organisation d’événements culturels, production de compilations … Lorsque ma formation en psychologie est arrivée à terme, plusieurs choix d’école en musicothérapie ou en art-thérapie se sont imposés à moi. J’ai choisi l’art-thérapie parce que cela implique une plus grande liberté dans le choix de la médiation, car c’est le processus de création qui est mis en avant, pas l’outil que l’on utilise pour parvenir à cette création. Or, le matériel pour créer est presque infini, j’en découvre encore tous les jours.  

 

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M’ : Si tu devais définir cette pratique ?

V.H : Le terme « art-thérapie » se réfère à l’utilisation thérapeutique des arts. Ou plus exactement, c’est une thérapie dans laquelle l'activité créatrice est utilisée comme processus thérapeutique. L’art, la psychologie et la psychanalyse sont les trois champs qui constituent cette méthode. L’art-thérapie propose au patient d'être créateur, afin qu’il redevienne créateur de sa propre vie.

Cela consiste en un accompagnement d’individus à travers leur mise en position de créateur dans un domaine artistique. On agit dans une démarche de soin et de prévention. Il peut s’agir de difficultés psychologiques, physiques ou sociales, de questionnements existentiels ou simplement d’un désir de développement personnel.

L'art thérapie se déroule dans le cadre d'une relation thérapeutique où le processus créatif et la création même sont utilisés comme moyen de communication. L’art-thérapie ouvre un dialogue avec soi-même, mais aussi un dialogue avec l’art et avec le thérapeute. L’art-thérapie est un moyen d’expression de soi. C’est une expérience créatrice et sensorielle qui permet d’acquérir une certaine valorisation de soi, favorisant l’épanouissement personnel.

L’œuvre finale, sa qualité ou sa beauté ont peu d’importance car ce n’est pas l’œuvre qui est importante, mais ce qui se passe pendant sa réalisation. Le but n’est pas de donner un sens ou d'interpréter ce qui est créé mais de lever les inhibitions et de faciliter l'expression. Le processus de création va permettre d’accomplir un déplacement du symptôme et un travail sur soi. La problématique inconsciente de l’individu devient une production artistique, comme une métaphore d'un questionnement intérieur. L’art-thérapie offre au sujet un projet de transformation de soi-même, car la création, dans l’acte et le résultat, permet une transformation profonde du sujet créateur.

L’art-thérapie, tel que nous l’entendons aujourd’hui, utilise une vaste gamme de formes artistiques. Ne se limitant pas à l’utilisation des arts plastiques, elle englobe aussi la musique, les arts de la scène tels que la danse ou le théâtre, mais aussi la photographie, les marionnettes, les clowns et les installations, ainsi que les ateliers d’écriture, la poésie.  

 

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M’ : Tu es membre de l'association des art-thérapeutes de Penn Ar Bed. Qu'est-ce qui t'y a menée ?

V.H : Lorsque je me suis installée en libérale, j’étais la seule art-thérapeute dans la région brestoise. On ne parlait pas encore beaucoup de l’art-thérapie, personne ne savait vraiment à quoi cela correspondait et à quoi cela pouvait bien servir. Je me suis retrouvée seule dans ma pratique, j’avais contact avec des art-thérapeute de Paris, de Montpellier, et même de Martinique, mais personne dans la région. Par contre, j’avais énormément de demandes de stages, de formation … Un jour, 2 jeunes diplômées en art-thérapie, envisageant de s’installer dans la région, m’ont contactée presque au même moment pour échanger sur ma pratique. J’ai donc décidé de réunir tout le monde, et de leur proposer un rendez-vous commun. C’est ainsi que nous nous sommes rencontrées Nathalie, Claire et moi. Le courant est tout de suite passé, nous avons discuté longuement et nous sommes restées en contact.

Nous avions dans l’idée de travailler ensemble, sur des projets communs, chacune ayant des spécificités différentes, nous devenions presque complémentaires. L’idée d’une association est venue comme une évidence. Nous avions beaucoup d’idées, et être plusieurs pour les réaliser devenait un atout.

 

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M’ : Ta spécificité, c'est de passer par l'art de la musique. Quel est ton rapport avec la musique ?

V.H : La musique est un formidable matériel d’expression et de création, elle amène naturellement à la communication et au partage. C’est un objet manipulable au même titre qu’un pinceau plongé dans la peinture, ou une boule d’argile à laquelle on essaye de donner une forme.  C’est une autre forme de langage, avec ses propres codes. Les ondes font vibrer l’air et nos tympans, mais également nos organes. Le monde du sonore provoque en nous des émotions, il peut apaiser comme il peut exciter. Le son nous pénètre physiquement et psychologiquement. La musique est invisible, elle nous projette directement dans le monde de l’intériorité, elle nous enveloppe et nous contient.

Mon grand-père jouait de la trompette. C’est le premier musicien que j’ai réellement connu. Il m’a donné ce gout pour la musique et les instruments. Il s’enfermait dans son grenier pendant des heures pour jouer de la trompette, et j’étais la seule à pouvoir entrer pour le regarder s’entraîner. Un jour, il décida de partir en Angleterre pour s’acheter la trompette de ses rêves. Il partit seul, d’abord en bus, puis en train, en bateau… Il fit tout ce voyage et revint avec cette belle trompette de couleur or, comme un trésor précieux. C’est moi qui détiens cette trompette aujourd’hui. Et je la garde soigneusement dans son étui tapissé de velours rouge, comme si elle conservait en elle l’âme de mon grand-père.

On pourrait dire que je suis une boulimique des instruments.  Je sais jouer de plusieurs instruments : guitare, basse, violon, batterie et percussion, piano … depuis peu, je me suis mise au violoncelle. Je ne recherche pas la perfection, d’ailleurs je n’excelle avec aucun instrument, j’aime simplement jouer avec les différentes sonorités de ces instruments. Chacun a ses spécifiés, son timbre, sa vibrance … J’aime les beaux instruments, J’aime les sons qu’ils produisent. 

Je suis musicienne gauchère, et je prends cela également pour une spécificité, car j’ai souvent démoralisé mes professeurs de musique, qui essayaient de me faire jouer comme une droitière. Je tenais mes instruments à l’envers, et pour ceux qui avaient une formation de Conservatoire, cela pouvait paraitre complètement inconcevable. Une de mes professeurs de violon me disait : « mais si tu joues à l’envers, jamais tu ne pourras jouer dans un orchestre ! ». Ce n’était pas mon but, ce n’est pas ce que j’attendais du violon ! Maintenant, on vend des violons spéciaux pour les gauchers, comme quoi le monde évolue et s’adapte. Dernièrement encore, je me suis rendu dans une boutique pour louer un violoncelle. Lorsque le vendeur s’est aperçu que je signais de la main gauche, il s’est inquiété : « vous êtes gauchère ? Mais… vous allez démonter les cordes ? », Je le rassurais en lui expliquant que je n’allais pas démonter l’instrument pour l’adapter à ma latéralité, mais que j’allais apprendre le violoncelle à l’envers. Il n’a pas paru convaincu, pour lui cela était impossible. Il a fini par me dire « comme Jimi Hendrix ? ».

 

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M’ : Ton activité s'appelle “L'atelier La main bleue”. Pourquoi ce joli nom ?

V.H : Là aussi, comme en art-thérapie, les mots sont nés de la trace, car le logo est venu avant le nom. J’ai cherché à définir mon atelier par l’image, avant de rechercher un nom, et cette main bleue est arrivée. C’est ma main droite, parce que j’écris avec ma main gauche. 

J’aime cette idée d’une sorte de trace originelle. Cette empreinte née de rien, cette main qui se transforme et se personnifie pour sourire à la vie ! C’est le premier graphisme que l’enfant réalise avec de la peinture, il trempe sa main et pose son empreinte, parfois c’est même les parents qui réalisent cette empreinte à la naissance de l’enfant, dans l’argile, pour toujours se rappeler que l’enfant a été ce petit être si minuscule.

Cela rappelle aussi les peintures rupestres de la grotte Chauvet, qui sont aujourd’hui les premières œuvres d’art que l’on ait découvertes. L’art était alors considéré comme un élément « magique ». Les spécialistes de l’art préhistorique expliquent que ces représentations d'animaux ou de scènes de chasse étaient censées aider nos premiers hommes dans leur recherche de nourriture. Les hommes préhistoriques attribuaient aux images un pouvoir surnaturel qui leur permettait d’exorciser leurs démons, tout en leur assurant une chasse abondante.

Dans la symbolique des couleurs, on dit que le bleu inspire la sagesse, le rêve, le calme et la sérénité. Le Bleu est omniprésent autour de nous, c’est le ciel, c’est la mer à laquelle nous sommes si attachés, nous les bretons. Ou bleu comme les bleus de l’âme … la main qui apporte un soin à ces blessures intérieures… J’aime aussi cette idée.

 

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M’ : Des actus à relayer ?

V.H : Durant toute l’année, je propose, via l’Atelier La Main Bleue, des séances d’art-thérapie et de musicothérapie au sein des institutions médicales, des entreprises, de foyers ou d'associations … Ce service est également proposé aux particuliers dans le cadre de séances individuelles ou collectives.

Cette année j’animerais aussi des Cours d’Eveil musical, en collaboration avec Eric Duchamp, musicien talentueux, au Centre Tsurugi à Brest Lambezellec. Ces cours sont proposés aux enfants de 3 à 8 ans. Je propose une méthode alternative d’initiation à la musique. Une approche intuitive et ludique qui s’appuie sur la création, l’expérimentation et le jeu. Durant toute l’année, L’enfant sera amené à créer et à s’exprimer via la manipulation de l’outil sonore. En effet, pour être comprise, la musique doit être ressentie et vécue corporellement. Ces cours d’éveil musical sont aussi l’occasion de découvrir les différents instruments, et de les expérimenter. Les inscriptions se feront lors de la porte ouverte du centre le samedi 5 septembre 2015 (10h-18h). Et au plus tard le 23 septembre.

Et bien sûr, l’ouverture de l’Ecole des métiers de la créativité dans les pratiques culturelles, préventives, et thérapeutiques, le 23 novembre 2015. Nous proposons actuellement 2 formations : Art-thérapeute et Animateur à médiation artistique. Le lancement se fera le 15 septembre prochain, lors de la conférence de presse qui sera donnée au Centre Keraudren à Brest.

 

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Une belle histoire, un beau métier et de beaux projets que voilà ! Plein de succès à Virginie Herrault et à l’association des art-thérapeutes de Penn Ar Bed dans l’ouverture de cette nouvelle école dans le Grand-Ouest !

 

Pour suivre Virginie et son association, rendez-vous sur :

- le site web de La Main Bleue

- la page Facebook de La Main Bleue

- le site web des Art-thérapeutes de Penn Ar Bed

- la page Facebook des Art-thérapeutes de Penn ar Bed

 

… Enjoy !!